La technologie côtoie l'authentique, le mystique côtoie le profane, les purs sangs côtoient les chevaux de bois, tout est en contraste et la double scène jouant un ballet d'ombres chinoises et de personnages réels nous entraîne dans un moment hors du temps en cassant les repères traditionnels. Les spectateurs ont d'ailleurs pris la place des artistes en se trouvant installés au milieu de l'espace sur des gradins coniques et très légèrement mobiles.
Dès le début du spectacle, une force digne de celle d'un tourbillon nous projette dans une succession de tableaux surprenants (cavaliers affublés de masques à gaz, d'autres de ballons multicolores ... ) , Bartabas assemble avec talent et d'une manière innovante des instants particuliers dont la logique de l'enchaînement lui est propre. On aurait presque envie de passer derrière l'écran pour comprendre ce que l'on voit mais le rythme vertigineux nous empêche de trop penser et d'analyser un spectacle dont le but est à mon avis de ressentir ce qui se passe dans une autre dimension . Quelqu'un disait même "ce n'est pas de la 3 D mais de la 4D" .
Évidemment, à ces niveaux là, il est normal que l'enthousiasme de certains flirte avec l'ennui des autres .
Pour moi, ce fut une soirée rare où l'on voudrait que le temps s'arrête.
En sortant, la lumière d'un feu de bois improvisé ou les mets préparés par la troupe sont les bienvenus pour profiter encore quelques instants de la magie de Zingaro qui assurément a du génie.